he shot me down (christopher)

Encore un rendez-vous, une perte de temps, ce moment de la journée où il préfèrerait largement être chez lui avec un bon verre de whisky, a étudier un dossier. Mais non. Il était là, il avait prit ce fichu rendez-vous chez cette fichue psy qui semblait autant détraquée que lui. Et comme un abruti, en plus d'avoir prit un rendez-vous, il y venait quasiment sans retard, parce qu'il savait bien qu'au fond il en avait besoin plus qu'il ne voulait l'admettre. Le bureau se trouvait près de la plage, un bel endroit, même s'il s'en fichait pas mal. Après avoir attendu seulement quelques minutes dans la petite salle d'attente, on l'avait fait rentré dans le cabinet d'Edna, la dite psychologue. Sans rien dire, il se dirigea vers le sofa où il avait prit l'habitude de s'asseoir, et où il commençait à avoir ses aises. Il ne la regarda qu'à peine, ne prenant même pas la peine de la saluer en entrant. Et, assit sur le sofa, il la regarda quelques secondes, les bras croisés, avant de prendre la parole. — Alors ? J'ai droit à quelles conneries, aujourd'hui ? — La séance commençait bien.

Elle était autant cynique que lui, et c'était bien la raison pour laquelle il venait encore à ces fichues séances. Leurs petites batailles verbales le réjouissaient assez pour qu'il accepte de quitter le bureau et d'écouter ce qu'elle avait à lui dire, sachant bien au fond qu'elle avait raison sur une grande partie des vérités qu'elle lui énonçait. Un léger sourire ironique apparu sur les lèvres de l'homme. — Je regrette d'être parti. — lâcha-t-il finalement. On aurait presque pu croire qu'il se confondait en excuses, chose qui était rare chez Christopher, voir même impossible. — Vu le prix que je vous paye, j'aurais dû rester et continuer de vous faire chier jusqu'à la dernière seconde du rendez-vous, alors je regrette vraiment. — Son sourire s'élargit, fier de lui. Il aimait rendre les gens dingues. Il partait du principe que toute personne qui s'approchait d'un peu trop près acceptait à ses risques et périls tous les commentaires déplacés qu'il allait faire. Et même si, à la base, c'était lui qui était venu trouver Edna, elle ne manquait pas à la règle. — Rectification, vous avez tout votre temps parce que tant que je suis là, vous êtes payé. À l'inverse, tant que je suis là, je ne touche pas un centime et mes clients m'attendent. Alors dites-moi de quoi on va parler aujourd'hui, qu'on enchaine. —

La particuliarité d'Edna, c'était qu'elle était une rare personne qui savait répondre à Christopher juste comme il le fallait pour qu'il soit touché et se la ferme enfin deux minutes. Elle semblait néanmoins vraiment déstabilisée par lui, la façon qu'il avait d'envoyer tout valser, de ne jamais prendre la peine d'écouter et de s'ouvrir assez aux autres pour que ses blessures guérissent enfin. Un léger rire lui échappa lorsqu'il clama qu'il n'avait pas d'emprise sur elle, un rire sarcastique, preuve qu'il n'avait rien à répondre, mais qu'il se refusait de la laisser penser une chose pareille. — Les rentrées d'argent sont le seul problème que je n'ai pas, alors nul besoin de s'inquiéter pour cette partie-là de ma vie. — Il soupira finalement, s'enfonçant dans le canapé en regardant devant lui quelques secondes, silencieux. Certes, elle ne voulait pas passer par des exercices enfantins, et lui ne voulait pas être prit pour un gamin à l'âge qu'il avait. Mais expliquer simplement comment il se sentait, ce qu'il voulait changer, tout ce qui le blessait, il n'y arrivait simplement pas. Peut-être par fierté, peut-être par peur de s'effondrer un peu plus s'il venait à dire ouvertement toutes les idées noires qui lui passait par la tête. — Je vous paye pour m'aider, mais clairement ça ne marche pas. Ne me dites pas que je suis le seul cas difficile de vos patients. Alors faites votre truc magique qui fait qu'ils ressortent d'ici en se sentant un petit peu mieux, et pas en ayant envie de s'enfermer chez eux pendant trois jours avec une bouteille d'alcool. — Sa voix était plus calme, plus honnête. Christopher souffrait depuis trop longtemps, et même s'il avait du mal à l'admettre, il voulait que ça change.